broceliande

Explorer Brocéliande

J’ai la chance d’être né et d’avoir grandi en Bretagne, une région qui m’offre perpétuellement un spectacle visuel grâce à ses paysages brutes, sauvages et son caractère infiniment attachant. Pourtant, j’ai le sentiment d’avoir foulé seulement 20% de sa surface et la Forêt de Brocéliande, entre autre, je ne l’ai jamais rencontrée. Je pars donc immédiatement à sa rencontre.

LA CHAMBRE AU LOUP

Vivant actuellement à Nantes, je quitte la ville très tôt pour rejoindre la forêt et admirer son réveil sous les premières lueurs du jour. À La Chambre au Loup, à Iffendic, je rejoins Gwendoline et Morgane qui ont bien voulu apparaître devant ma caméra ce matin. J’espérais être bercé par quelques lumières mais la forêt s’est laissée piéger par une épaisse brume. Les pins sont statiques et se tiennent droits au dessus de la rivière, les têtes coupées par le brouillard. On longe le cours d’eau pour emprunter un chemin qui nous élève au dessus de la Chambre au Loup et c’est un vallon escarpé qui se dévoile. Malgré l’impossibilité d’apercevoir l’intégralité des environs, le rocher sur lequel on se tient domine clairement les environs. Une faille semble s’être creusée dans la forêt, comme une entaille dans une buche de bois que l’on aurait fendue avec une hache.
forêt de brocéliande
la chambre au loup



le val sans retour
la chambre au loup
Après le départ de Morgane et de Gwendoline, je décide de continuer mon tour en empruntant le chemin qui nous faisait face, de l’autre côté de la rivière. J’observe le lent réveil du soleil qui s’est enfin extirpé de la brume. La vallée dévoile alors son manteau orangé par le temps qui passe et qui mène à l’hiver.
Le midi, je déguste une galette à la Fée Gourmande, au coeur de Paimpont, qui se révèle être un vrai coup de coeur gustatif et visuel. Les crêpes sont succulentes et le cadre nous invite à la détente grâce à sa vue imprenable sur l’étang de Paimpont.

LE VAL SANS RETOUR

Une fois les forces nécessaires retrouvées, j’appuie sur la pédale de ma voiture et fonce tout droit vers ma prochaine destination : le Val Sans Retour. La vallée est célèbre pour abriter l’Arbre d’Or, cette fameuse oeuvre d’art représentant la renaissance de la forêt après un incendie qui a dévasté des centaines d’hectares dans les années 90. Les touristes s’agglutinent autour de l’arbre, je préfère donc continuer le chemin pour me perdre sur les sentiers qui parcourent l’intérieur et l’extérieur de la vallée. Je ne prête pas attention aux familles qui se baladent ici et là. J’aime le contact, je pense être relativement sociable, mais il y a des moments où la solitude doit prendre le pas sur l’instant. C’est un sentiment qui se manifeste soudainement, qui saisit de toutes parts et qui oblige à accepter ce fait. J’ai envie d’être seul et les chemins que j’emprunte ici m’aident à me plonger vers l’intérieur de mon esprit. Au coeur du Val Sans Retour, je me laisse donc bercer par la lumière qui se faufile entre le feuillage puis je me lance sur le chemin qui s’élève au dessus de la vallée. Je me pose sur un rocher pour apprécier un point de vue qui me permet d’embrasser l’ensemble du Val Sans Retour sous une lumière éclatante. J’attends et je profite de l’instant.
le val sans retour


forêt de brocéliande

De manière inconsciente, j’ai toujours su que la marche m’était bénéfique. Aujourd’hui, j’ai définitivement adopté ce fait.
À force de randonner, en voyage ou dans mon quotidien, je considère aujourd’hui cet état de mouvement comme une méditation. Le travail intérieur effectué est plus bénéfique sur ma propre personne que n’importe quelle autre activité.
Des idées nouvelles surgissent, des pensées plus ou moins grandes se développent, des remises en question s’effectuent…
Rien que d’un point de vue physiologique, je crois que l’être humain est fait pour bouger. La mobilité se trouve dans nos gènes et au bout du chemin, une évolution positive a lieu en nous.

La nuit tombe, je redescends sous les étoiles avant de me rendre à Josselin. Là-bas, je retrouve un ami, Melvin, avec qui j’avais passé 3 semaines aux USA l’année dernière. On s’offre une pinte puis je rejoins mes parents pour diner. Brocéliande se situe à seulement quelques kilomètres de ma maison d’enfance, j’en profite donc pour voir mon entourage.
Exténué, je file au 14 St Michel, un hôtel qui offre tout le confort nécessaire pour un voyageur de passage.

PAIMPONT ET SES ENVIRONS

À peine levé, j’avale mon petit-déjeuner en vitesse pour rejoindre les environs de Paimpont. La veille, j’avais emprunté quelques routes perçants la forêt et le chaos ordonné des couleurs de l’automne m’avait subjugué. J’y retourne donc avec hâte pour tenter de capturer l’oeuvre de mère nature en cette période de l’année. Malheureusement pour moi, le soleil peine à se dévoiler, les nuages bouchent le ciel et empêche les tons ocres de se révéler pleinement. Quelques rayons tentent une percée tout de même, j’attends donc patiemment pour la capturer. L’épreuve est rude mais ces quelques secondes d’éblouissement suffisent à transformer la forêt. Je crois que dans le quotidien je suis assez impatient, mais quand il s’agit de se plonger en nature avec pour unique but l’évasion, le temps devient alors une matière qui s’étire jusqu’à des moments clefs tels qu’un coucher de soleil et son attente a alors un sens. L’ennuie se manifeste certes, mais je le prends comme un outil que je peux utiliser à bon escient : réfléchir, penser, lâcher prise, lire, marcher… Ici, ce n’est pas comme s’ennuyer dans notre quotidien car l’environnement naturel vous donne la force de transformer un moment d’attente en une jouissance de l’instant présent.
forêt de brocéliande


la chambre au loup
Malgré tout, la météo se dégrade, les nuages gris se chargent d’humidité et bloquent toutes les tentatives désespérées du soleil pour illuminer la forêt. Je passe alors le reste de la journée à déambuler entre les Landes de Monteneuf et les environs de Paimpont. Qu’importe le temps et les photographies inexploitables dans cette partie de la journée, je ne me laisse pas menacer par l’envie de rentrer et mon élan d’exploration ne tarit pas. Je décide de rester jusqu’à la tombée de la nuit pour m’imprégner encore un peu de l’atmosphère si particulière de Brocéliande. Je ne regretterai jamais le choix d’aller au bout des possibilités qui me sont offertes.

Cet article a 6 commentaires

  1. Mallo

    La forêt de Broceliande est tellement magnifique et tellement pleine de magie. Nous y allons à chaque fois que l’on vient en Bretagne. Merci pour cet article et ces magnifique photos.

  2. Laurie

    Wahou…je me retrouve tellement dans tes mots…ça me rassure!je cherche constemment des randonnées à faire le plus souvent entre lorient et vannes, mais je m’éloigne de plus en plus…demain direction Saint Brieuc, avec une amie nous allons faire le circuit de l’Urne..
    Merci pour ton partage…

  3. Mealin

    Belles photos et récit.
    C’est un endroit que je regrette de n’avoir foulé que brièvement à chaque fois que j’y suis passé, mais pour lequel je garde un attachement certain 🙂 Surtout pour un petit coin légèrement à l’écart du monde, une sorte de petit cirque où s’amoncellent des cairns… magique.

  4. Pascal

    J’aI fini par craquer pour la Bretagne : la côte de granit rose, la presqu’île du Crozon ( ma préférée). Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de déambuler dans la forêt de Brocéliande. Moi qui aime cette magie en forêt. C’est ma prochaine étape. Merci du partage les images sont de toutes beautés et aspirent à une certaine quiétude.
    Bonne soirée

  5. printanelle

    C’est un endroit que j’aimerais beaucoup découvrir. Quel plaisir de lire le texte qui accompagne les photos, j’aime la façon dont est ainsi partagée l’expérience et les états intérieurs au contact de l’extérieur. Je suis très sensible à cette subtilité sur la temporalité et la solitude en nature. En tout cas, ca donne envie de faire la même chose !

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